Ce que l’homme fait en petit, l’abeille le fait en grand.

Sans doute les apiculteurs ne sont point toujours d’accord, quand il s’agit d’en venir à l’application et aux détails.

Chacun de nous a sa méthode, qu’il juge meilleure que toutes les autres et qu’il place bien au-dessus. Evidement, c’est un point d’amour-propre qu’il est facile de comprendre et de pardonner.

Mais il y a des points généraux sur lesquels nous nous accordons toujours, et tout le monde avec nous.

En tête je place l’utilité des abeilles.

Avec les petits oiseaux que le bon Dieu nous a donnés pour égayer les airs et pour défendre les plantes et les fleurs contre une multitude d’ennemis, l’abeille rend les plus grands services à l’agriculture.

Le jardinier se penche avec précaution sur une fleur préférée, il recueille le pollen ou poussière fécondante, qu’il répand sur une autre fleur voisine, et il attend avec inquiétude que la nouvelle graine lui donne une nouvelle variété de fleurs.

Ce que l’homme fait en petit, l’abeille le fait en grand. Par une belle journée, elle visite des milliers de fleurs, se roule dans leur poussière pour la recueillir au point d’en être toute jaune, et, messager divin, elle porte partout le germe qui produira la variété et la fécondité. Délicate au possible, la mignonne créature ne souille ni ne fait tomber les fleurs, mais elle les débarrasse de tout élément qui perd le fruit.

 

Manuel de l’apiculteur mobiliste : nouvelles causeries sur les abeilles en 30 leçons

par L’abbé Duquesnois – Edité en 1896